La quête identitaire par la déconstruction de l’imaginaire colonial dans les œuvres de Scholastique Mukasonga

Abstract

RÉSUMÉ : A travers, le cadre socio-historique, anthropologique et culturel du Rwanda, ce travail aborde la thématique de l’histoire de l’Afrique à travers le regard de l’Occident et notamment l’Histoire du Rwanda dans les œuvres de Scholastique Mukasonga. Le projet de l’écrivaine vise à démontrer la profondeur du malaise social et culturel que produit le discours de l’Occident sur l’Histoire rwandaise et le génocide des Tutsis. La déconstruction identitaire véhiculée par l’instauration de classifications menée par le discours colonial suite à la théorie de l’idéologie hamitique a eu pour première conséquence, l’expropriation identitaire des Tutsis. En effet, l’idéologie hamitique évolue en une idéologie raciale mettant en pratique le clivage ethnique qui tend à définir une société selon ses gènes. De ce fait, cette construction biologique des catégories, va permettre la manipulation politique de la population rwandaise et sa division. Scholastique Mukasonga, survivante du génocide, dénonce ainsi cette ségrégation identitaire et raciale et apporte son témoignage. L’écriture devient pour l’écrivaine un moyen de transposer l’Histoire à travers le texte littéraire tout en faisant un travail de résilience. Ecrire l’indicible, mettre des mots sur son expérience traumatique, en tentant d’exprimer l’innommable est pour l’écrivaine un devoir de mémoire pour sa communauté.

Ainsi ce travail se veut être une réflexion sur l’impact du regard de L’Occident dans la construction d’un imaginaire faussé sur l’histoire du Rwanda impliquant la déshumanisation des Tutsis. Souligner le rôle de l’écrivain dans la quête et la reconstruction identitaire tout en se questionnant sur la place (ou l’avenir) du « témoignage littéraire » dans la production des savoirs en Afrique et la connaissance des sociétés africaines

ABSTRACT

Through the socio-historical, anthropological, and cultural framework of Rwanda, this work addresses the theme of African history from the perspective of the West, focusing specifically on the history of Rwanda as depicted in the works of Scholastique Mukasonga. The writer's projectaims to demonstrate the depth of social and cultural unease produced by the Western discourse on Rwandan history and the genocide of the Tutsis. The identity deconstruction propagated by the establishment of classifications through colonial discourse following the theory of Hamiticideology had, as its initial consequence, the identity expropriation of the Tutsis. Indeed, Hamiticideology evolved into a racial ideology implementing ethnic division that seeks to define a society based on genetics. Consequently, this biological construction of categories allowed for the political manipulation and division of the Rwandan population. Scholastique Mukasonga, a genocide survivor, denounces this identity and racial segregation while providing her testimony. Writing becomes for the author a means to transpose history through literary text while engaging in a process of resilience. Writing the unspeakable, putting words to traumatic experiences, and attempting to express the unspeakable is, for the author, a duty of remembrance for her community.

Thus, this work aims to be a reflection on the impact of the Western gaze in shaping a distorted imaginary of Rwandan history, involving the dehumanization of the Tutsis. It highlights the role of the writer in the quest for and reconstruction of identity while questioning the place (orfuture) of "literary testimony" in the production of knowledge in Africa and the understanding of African societies